Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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à Milan avec l'archevêque de cette ville pour y calmer la sédition. Pavie fut plus obstinée, et fut seule punie. Déjà les rebelles avaient fait la garnison française prisonnière. Bonaparte , après d’inutiles sommatiohs , fait enfoncer les portes de Pavie, délivre ses soldats , fait craindre quelque temps une vengeance inexorable , et la borne au supplice des moteurs les plus dangereux de cette sédition.

De nouveaux troubles éclatèrent bientôt dans le Milanais; la révolte s'était étendue avec rapidité dans les fiefs impériaux avoisinant d’un côté le Piémont , et de l’autre , la rivière de Gênes. L’armée francaise , qui déjà environnait Mantoue, était menacée dans toutes ses communications et dans sés points d'appui. Les courriers, les soldats français épars tombaient sous la faux, sous la hache des paysans furieux ; les convois étaient pillés. La vengeance fut prompte et terrible. Douze cents hommes que le général avait détachés de l’armée entrèrent dans les fiefs impériaux, montrèrent aux paysans attroupés leurs maisons consumées par Vincendie, fondirent sur eux, les dispersèrent, les firent assister au supplice de leurs chefs ; et depuis, Bonaparte, porté par sa fortune et par la victoire à une longue distance de ces pays embrasés de haîne et de fanatisme, n'eut plus rien à en craindre, rien à y punir.

Les opérations politiques que je viens de rapporter, ces lois nouvelles données à différens états, ces trèves, ces traités qui changeaient le sort d’autres états plus puissans, se consommèrent en moins de deux mois, c’est-à-dire, depuis le 21 floréal , jour de la bataille de Lodi, jusqu’au 12 messidor, époque d’une nouvelle bataille encore plus terrible et plus glorieuse. Le général français , pour coordonner toutes les parties de ce vaste système, n'avait point cherché dans le palais de Milan un loisir studieux et paisible , il ne s'était point dérobé au tumulte des armes. Il avait fallu engager beaucoup d’actions pour opérer le blocus de Mantoue, et chacune d'elles avait été dirigée par Bonaparte. Il investissait cette place avec une grande partie de son armée, tandis que lune de ses divisions pénétrait dans le Tyrol italien, veillait à ce que les armées autrichiennes ne pussent, en sortaut des montagnes, surprendre e Milanaïs, tandis qu’une autre faisait la conquête du Bolonais, du Ferrarais, appuyait toutes les menaces qui faisaient fléchir le pape et le roi de Naples sous des conditions rigoureuses; tandis qu’une troisième , pénétrant dans la Toscane, venait ravir aux Anglais la possession de l’un des ports les plus utiles de la Méditerranée ; tandis qu’une quatrième enfin réprimait les révoltes de Pavie et des fiefs