Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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qui couvrait le centre. Le chef de bataillon Marmont dirige contre ce poste vingt pièces d'artillerie légère, et s’en rend maître. Le centre des Autrichiens est percé par le général Augereau. Massena enfonce leur droite ; il est secondé par toute la cavalerie sous les ordres du général Beaumont.

Aucune victoire des Français n'avait eu encore d’aussi brillans résultats. L’ennemi perdit dix-huit pièces de canon, tous ses caissons d'artillerie , douze à quinze mille hommes faits prisonniers, six mille hommes tués ou blessés. La perte des Français n’est pas bien constatée ; les premières actions, qui leur avaient été désavantageuses , leur avaient coûté près de deux mille hommes.

Wurmser, qui n’a débloqué qu’un moment Mantoue, l’abandonne aux forces nouvelles qu’il a pu y faire entrer. Il se retire dans les montagnes du Tyrol. Il ÿ est suivi par le vainqueur. Il cherche des lieux inexpugnables; il y sera vaincu. Bonaparte est arrivé auprès de Trente; une grande partie de son armée a repris le blocus de Mantoue; un mois a été employé aux dispositions du siége, pour lequel la grosse artillerie manque encore. L’actif, l’opiniâtre Wurmser pourrait profiter du temps où on le laisse respirer. Le 18 fructidor, Bonaparte livre une nouvelle bataille, c’est celle de Roveredo; lutte terrible où le courage était encore enflammé par l'aspect des lieux sauvages qui en étaient le théâtre. Il fallait, pour vaincre Wurmser, pénétrer dans une gorge étroite que l’Adige remplit presque seul, et où ce fleuve semble toucher à des montagnes coupées à pic. L’artillerie

légère renverse tout ce qui s'élevait sur les flancs de cette.

gorge. Au même instant, les colonnes gravissent sur des rochers inaccessibles pour tous autres que des Français. On emporte cette position ; on tourne Wurmser; on lui fait sept mille prisonniers. Le lendemain matin, où entre dans la ville de Trente; mais Wurmser se présente en bataille derrière la rivière de l’Arisio. À l’aspect des forces qu'il y déploie, les Français, qui avaient marché soixante heures, oublient leurs fatisues. Le pont est emporté au pas de charge. Wurmser quitte les bords de l’Arisio pour se cacher quelque temps derrière ceux de la Brenta. Tout le Trentin devient la conquête de Bonaparte.

Qui n’admirerait ici Wurmser et le courage indomptable qui résiste à plus de soixante ans de travaux militaires; qui se relève après de tels revers, et qui ne cesse de défier la constance et le génie de son jeune vainqueur ? Il pensait que Bonaparte continuerait à remonter l’Adige, et chercherait, ensuivant-la chaîne des montagnes, à établir ses communications avec une division de l’armée du général Moreau, qui