Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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hâte dans tous les états héréditaires. Moreau était toujours à la tête de l'armée du Rhin. Hoche avait remplacé Jourdan -à l'armée de Sambre et Meuse. L’armistice du Rhin allait être rompu. Bonaparte commence les opérations avant que ces denx généraux soient en mesure de faire des diversions favorables à ses projets.

Les Français supportaient les rigueurs de l'hiver dans le nord de l'Italie. Il leur tardait de franchir des monts, des fleuves et des torrens que cette saison fait paraître impraticables. Au commencement du mois de mars, tout s’ébranle. Des divisions se dirigent vers le Tyrol. Le corps de l’armée se dispose à passer, sous le feu des ennemis, la Piave et le Tagliamento. Voici une longue succession de combats, qui tous les jours s'engagent à de longues distances. L'armée française exécute, en se battant, presqu'à chaque pas, sur des monts chargés de neige, et sur des ‘rivières débordées, des marches telles qu'on pourrait les demander à une armée qui n’aurait à vaincre aucun de ces obstacles. Un des faits d'armes qui m'ont paru exciter le plus l'admiration des militaires, c’est le passage du Tagliamento. Si les Français n’y éprouvèrent point une r'ésistance aussi terrible qu'aux famenx passages de l’Adda et de l'Adige, ils le durent à la précision inouïe de leurs mouvemens, qui ne permit pas à Varchiduc Charles de profiter d’une seule faute ni d'un seul moment d’hésitation : » On se canonna long-temps. Sous la protection de plu» sieurs pièces d'artillerie, et en face des redoutes que les » ennemis avaient placées sur l’autre rive, le général Ber» nadotte et le général Guyeux devaient, avec leurs divi» sions, passer le Tagliamento. Le général Murat et le gé» néral Duphot se couvrent de gloire, et se montrent les » premiers sur la rive opposée. Toute la ligne s’ébranle, » chaque colonne par échelons, avec des escadrons de trou» pes à cheval en arrière, dans les intervalles. En vain » la cavalerie ennemie veut-elle essayer d’arrêter plusieurs » fois l'infanterie française en volant plusieurs fois pour la » charger, elle est inébranlable , soutenue avec vigueur par » sa propre cavalerie, qui protége les flancs de chaque » colonne. La rivière est passée, l'ennemi est en déroute. » La division Serrurier arrive pour augmenter le désor» dre de l’armée autrichienne, qui abandonne , outre un » grand nombre de prisonniers , une partie de son artil» lerie et de ses bagages. »

Les villes de Palma-Nova , d'Udine , et tout le territoire vénitien, furent le prix de cette grande journée. Point de retard, celui qui porte dans son ame la pensée de la paix