Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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sait que l'Autriche bravera les malheurs de la guerre tant qu’elle ne la verra point portée dans ses états. La conquête de Gradisea suffira pour ouvrir aux Français la province de Goritz, la Carniole et le chemin de la Carinthie. Trois mille Autrichiens défendent cette ville. Bernadoite s’est mis en marche pour la bloquer. Serrurier suit une ‘route plus difficile pour gagner les hauteurs qui la dominent. Bonaparte a si bien concerté leurs mouvemens, ils les exécutent avec une telle ardeur, que déjà Bernadotte dirige des pièces de canon contre les portes de la ville, lorsque les assiégés apercoivent sur les hauteurs la division Serrurier. Plus de résistance et plus de retraite, Gradisca est soumise; trois mille Autrichiens sont faits prisonniers. Le 2 germinal, l’armée française entrait dans Goritz. Le 5, elle s'emparait des hauteurs de Trieste et des mines de mercure d'Ydria , magnifique butin abandonné aux vainqueurs. L’archiduc avait en vain espéré pouvoir suivre devant Bonaparte cette retraite lente et méthodique que dans la campagne précédente il avait opposée aux progrès des deux armées du Rhin et de Sambre et Meuse. Bonaparte avait tellement connu l’art de rendre sa grande armée flexible sur tous les points, qu’une division autrichienne ne pouvait être un moment retardée dans sa marche par le seul obstacle des lieux, sans se trouver serrée entre deux divisions françaises. Ainsi cinq mille hommes, trente pièces de canon et quatre cents chariots portant les bagages de l’armée autrichienne, après avoir été vivement poursuivis par le général Guyeux à travers les Alpes noriques, furent pris auprès de Chiusa par le général Massena. On avançait sur Clagenfurt. Une colonne ennemie était sortie de cette ville pour venir au secours de celle qui venait d’être interceptée ; elle subit le même sort.

L’archiduc Charles fut tellement déconcerté, qu’il ne défendit ni les bords de la Save, ni ceux de la Drave. Une seule ressource lui restait : il la saisit en général habile; c'était de menacer les derrières de l’armée française, en fortifiant le corps d'armée du général Laudon, qui dé-

«fendait le Tyrol contre le général Joubert. Il eut le cou‘rage de tirer de son armée fugitive de nombreux bataillons qui marchèrent vers le Tyrol. Laudon venait également de recevoir des renforts de l’armée du Rhin. Il crut alors pouvoir reprendre l’offensive sur le général Joubert, qui, avec douze mille hommes, dans la saison la plus rigoureuse et sur des montagnes escarpées, s'était emparé,