Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ractère de la fatalité. La Hongrie, épuisée par de continuels efforts, n’a plus rien qu'une retraite à offrir au maïtré qu’elle chérit. Mais quels transports de joie s'élèvent dans Vienne , tout à l'heure si éperdue! un courrier de l’archidue aurait-il enfin apporté la nouvelle d’une victoire? Non, mais il vient annoncer que Bonaparte offre la paix, qu'il en exprime le vœu avec empressement, avec des ménagemens généreux pour le malheur de ses ennemis, et qu'enfin il rassure d'avance contre une paix humiliante. Tout a changé de face; avec la sérénité renaît l'orgueil. Les hommes d'état vont entrer sur la scène, etils se flattent, que leur art va réparer les revers et les fautes des guerriers.

Le 19 germinal an 5 (8 avril 1797 ), Bonaparte réçoit dans son camp, à Fuldenbourg, les généraux autrichiens Bellegarde et Meerfeld : ils demandent une suspension d’armes. Elle est accordée pour dix jours, et, le 15 avril, des préliminaires de paix sont signés auprès de Léoben.

Les deux armées, auxquelles cette importante négociation

faisait poser les armes , ignoraient ou ne savaient qu'incomplétement des événemens militaires dont l'Allemagne et l'Italie étaient le théâtre. Les armées de Sambre et Meuse, et celle du Rhin, sous le commandement des généraux Hoche et Moreau, venaient de remporter des victoires qui ouvraient cette nouvelle campagne sous des auspices encore plus brillans que la précédente. L'armistice avait été rompu ; Hoche avait passé le Rhin presque sans obstacle. Pressés dans la Styrie par Bonaparte, les Autrichiens avaient dégarni depuis un mois leurs armées du Rhir. Le général Verneck avait cherché à réparer l’affaiblissement de la sienne ep couvrant les bords escarpés de la Lahn, de retranchemens que les Français eux-mêmes admiraient comme des chefs-d’œuvre de l’art at trouvaient dignes de leur valeur. Hoche, après avoir passé le Rhin à Neuwied, combine ses mouvemens avec ceu£ de la gauche de manière à reculer toutes les forces de l'ennemi dans la position retranchée, où il ne craint point de l'attaquer à découvert ; et pour achever le déploiement de ses forces , il engage un combat d'artillerie très-inégal. Le général Debelle fait approcher jusqu’à cent pas des redoutes frisées, palissadées et garnies de canons, trente pièces d’artillerie légère , reçoit , Sans s’ébranler , un terrible feu à mitraille, et tire si vivement et si juste, qu’il démonte les pièces des ennemis, brise les palissades, ouvre les redoutes aux grenadiers , €t même à la cavalerie.

A Strasbourg , Moreau ose, avec les plus faibles moyens, avec vingt-six bateaux, tenter en plein jour le passage du fleuve. On lutte corps à corps : c'est de vive force qu'on