Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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qu’une mort paisible, meurt sous cent coups de poignards, de haches et de piques.

De quelle horreur fat saisi Bonaparte en apprenant la mort et les tourmens de ses braves ! Il se confie ; Pour la vengeance, au général Augereau, qu’il à laissé dans la ré publique lombarde, et qui, à la nouvelle de ces assassinats, arrive comme la- foudre devant Vérone, toute teinte du sang français. Les assassins, soutenus de troupes esclavonnes , lui refusent les portes , garnissent d'artillerie les for tifications de la ville, osent en sortir sous la protection du canon, fondent sur la troupe peu nombreuse, mais aguerrie, que commande Augereau. Il les disperse et les taille en pièces, et la fortune de Bonaparte veut que ce nouvel exploit de son lieutenant soit remporté dans le moment mé me où le général Laudon , après avoir réparé ses longues défaites dans le Tyrol, après avoir repris Botzen, Trente, Ro= veredo , Rivoli, maître du cours de l'Adige, allait se présenter devant Vérone. De nouveaux combats étaient attendus. Augereau d’un côté, Joubert de l’autre ; Se préparaient à repousser Laudon. La convention de Léoben vint arrêter cette nouvelle et inutile effusion de sang.

L'effet de l'armistice fut fatal aux nobles Vénitiens » € peut-être même les conditions secrètes des préliminaires avaient-elles réglé leur destinée, telle que le traité de Campo-Formio la déclara. Ce qui porte à le croire c’est l’extrême facilité avec laquelle l'Autriche souscrivit, à Léoben, à l'abandon de la Lombardie, de la Belgique, et consentit à laisser à la France la rive gauche du Rhin. Les défaites d’une puissance aussi guerrière ne sufisent pas pour expliquer d’aussi grands sacrifices. Un dédommagement était done demandé et promis, La république de Venise allait apprendre à quoi exposait une alliance secrète, une sourde complicité avec l’une des trois puissances qui venaient d’anéantir la répuplique de Pologne.

L’Autriche vit done sans s’'émouvoir, ou plutôt avec joie, la vengeance des Francais se porter sur Venise. Tous les signes précurseurs d’un grand bouleversement politique avaient déjà précédé la marche du général Augereau. Les nobles de la Terre-Ferme avaient fait rentrer dans le devoir les paysans révoltés , et bientôt les avaient associés à leurs ressentimens contre d’impérieux patriciens qui les avaient fait. vieillir eux et leurs ancêtres dans la plus humiliante oppression. À Venise, mêmes cris de révolte. Le doge, le grand conseil, les trois inquisiteurs d’état arrétaient des citoyens dont bientôt la sédition brisait les fers ; ils ne faisaient plus qu'un usage incertain d’une autorité chancelante. L'esprit