Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
gnation. Un terme très-court lui fut assigné pour sortir de sa capitale avec sa famille et quelques personnes de sa cour. il se retira en Toscane. L'armée piémontaise Passa toute entière sous les drapeaux des Francais.
Mais le grand-duc de Toscane, qui donne asile à deux souverains d'Italie fugitifs, est lui-même menacé. On lui reproche d’avoir reçu dans ses états des troupes napolitaines ; d'avoir livré ses ports et son commerce aux Anglais ; d’avoir fait des préparatifs militaires en même temps que les rois de Naples et de Sardaigne. On craint tout d’un prince autrichien, dans une guerre où l'Autriche, secondée de la Russie, prépare les plus puissans efforts pour entrer dans les domaines qu’elle a perdus. Le général Schérer, que le directoire à nommé pour commander en Italie, débute par envabir la Toscane. On ne lui oppose aucune résistance. Le grand-duc et Charles-Amédée s’embarquent. Pie VI, Jui seul, ne veut point sortir de la retraite dont le calme religieux isolait et semblait devoir protéger sa vieillesse. II ne fait nulle attention au bruit des armes qui l’entourent. Le jour où le trône pontifical a été renversé, les Français, qu’animait encore Ja vengeance, ont respecté ses jours et sa liberté. Le général Berthier a déploré devant lui ses malheurs. Qu’a-t-on à craindre de lui? ilest seul , il prie, il médite; il a tant de maux à déplorer, que ce sont les siens qui pèsent le moins sur son cœur. Cependant le directoire a donné ordre de l'arrêter. La haîne que l’un des directeurs a jurée à l’église catholique et à son chef s’est accrue par les mauvais succès de la secte dont son aveugle opiniâtreté veut propager et dément chaque jour les maximes de tolérance. L’auguste vieillard est arrêté, C’est en France et dans une prison qu'on le conduit.
Toute l'Italie, jusqu'aux rives de l’Adige , reconnaissait les lois des Francais. Par les malheurs qu’elle venait d’éprouver, on peut juger de sa fidélité. Il importait au gouvernement de France d’accabler l'Autriche avant qu'elle eûtreçu les secours des deux armées russes qui s’avançaient sur son teritoire. Cette puissance s'était déclarée. Le général Berte, ambassadeur à Vienne, avait été insulté dans son is par la multitude, et il avait quitté cette capitale. Enfin ‘déjà la guerre était allumée dans les montagnes des Grisons
et dans la Souabe. Les Grisons, qui faisaient partie de la ligue des Suisses, avaient montré la même aversion que les petits cantons pour le code helvétique auquel le directoire s’obstinait à les soumettre. Ils craignirent le sort de ceux-ci, ils appelèrent les Autrichiens à leur secours. Le général Hotze s’y était porté avec trente mille hommes. Le général Massena n'avait pas craint de l’y attaquer dans la saison la plus con-