Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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les habits. Le peu de résultat des recherches qu'il fit, et qu’il lui importait de faire pour se justifier, contribue enA D tt nee ques-uns d’entre nous se rendirent auprès du capitaine des hussards au trichiens, pour le solliciter d'accorder une escorte au major de Harrant, qui , accompagné de quelques hussards de Bade , voulait aller à la recherche de Jean-Debry. Le comte de Solms de Laubach s’offrit à l’accompagner , afin, d'appeler le ministre français , qui connaïssait sa voix , par son nom. Le capitaine accorda lescorte. Ils n’eurent pas la satisfaction de trouyer le ministre Jeau-Debry ; mais ils apprirent quelques circonstances absolument nécessaires à l’éclaircissement du fait; les voici: Le major de Harrant s'étant adressé au bailli de Rheïnau pour obtenir des renseiguemens sur le compte duministre absent , le baïlli lui apprit que des hussards|impériaux avaient déjà fait des perquisitions relativement à un Français blessé et fuyant, et dont la découverte leur importait infiniment; qu'ils avaient fortement recommandé qu’au cas qu’on trouvât nn Francais ressemblant au signalement qu’ils lui donnèrent, de bien se donner de garde de le reconduire à Rastadt , mais de le faire passer endehors de la ville, et de le leur mener à Muckensturm par un chemin désigné, ou bien qu’on devait simplement le garder soigneusement , et leur en donner connaissance.

À sept heures du matin, le ministre Jean Debry se rendit dans la maison dun ministre prussien de Goërtz. Son apparition causa d’autant plus dejoie à ceux qui se trouvèrent présens , que l’état dans lequel il setrouvait leur inspirait d'intérêt. Ils furent témoins des premiers épanchemens de sa joie et de sa reconnaissance envers Dieu, lorsqu'il apprit que sa femme et ses filles étaient encore sauvées. Ses habits étaient déchirés ; il était blessé au bras gauche, à l'épaule et au nez. Sa perruque et son chapeau l'avaient garanti d’un coup de sabre sur la tête, de manière qu'il n'avait qu’une contusion. On lui administra tout de suite les secours né cessaixes ; on entendit le récit touchant de la manière miraculeuse dont il avait été sauvé.

Un hussard lui avait demandé en français : « Es-tu le ministre JeanDebry ? » A quoi il avait répondu par l’affirmative , en produisant son passe-port, qui fut déchiré. Lui , ainsi que sa femme et ses filles , furent arrachés de leur voiture , et on frappa sur lui : il fut jeté dans un fossé qui bordait le grand chemin. Il eut la présence d'esprit de contrefaire le mort, ef il se laissa dépouiller ; c’est ce qui le sauva. Lorsque les hussards furent éloignés , il se leva_et cournt vers le bois. Ne voulant pas se jeter parterre, à cause de la pluie qui tombait , il grimpa sur un arbre, malgré la forte blessure quil avait au bras gauche, y sommeillant de temps en temps de Jassitude, ét d'épuisement. Il y resta jusqu’au jour, qu'il s’achemitia vers Rastadt. En approchant de la ville, il se méla dans une foule qui était sortie pour voir les cadavres , et sans être remarqué ui par les patrouilles autrichiennes, ni par le corps - de - garde posté aux portes, ïl.arriva heureusement. Le spectacle le plus déchirant pour lui fut celui de ses deux collégues, devant lesquels il était obligé de passer. Daus cet entretien , il échappa au capitaine plusieurs expressions qui métitent d’être remarquées : « C’était un malheur, maisà qui la faute ? ou » ne l’avait pas commandé. »

On lui témoigna l’eflroi .que l'énoncé de la possiblité seulement d'un pareil soupçon devait causer à des gens d'honneur : il s’eflorça d’atténuer l’énormité du crime en disant : « À nous on a aussi tué des généraux, »