Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

188 DIRECTOIRE

dans tous les lieux publics, devinrent en peu de temps triviales et importunes. Le courage du soldat français n'avait pas besoin de cet aiguillon ; il pouvait vaincre les ennemis de la patrie saps voir en eux des assassins. Le gouvernement n'avait à accuser des cruels revers qu'il venait d’éprouver en Italie que sa propre imprévoyance et le vice de ses dispositions politiques et militaires. Es.

C'était vers l’Italie que se dirigeait l’armée russe sous les ordres de Suwarow."Réunie à l’armée autrichienne, elle allait offrir des forces trois fois supérieures à celles qui avaient sufli à Bonaparte pour conquérir cette vaste et belle contrée. Le dirctoire n’avait point senti la nécessité d’opposer aux Russes et aux Autrichiens une armée qui püt résister à leurs efforts. Le Piémont, la Toscane , récemment envahie, l'était de l'Eglise , le royaume de Naples , enfin les îles vénitiennes , occupaient les deux tiers des troupes que le directoire , plus occupé d’étendre que d’assurer sa domination , avait disséminées dans toute l'Italie. Malgré limminence du danger, il ne songea pas à en tirer des renforts pour l’armée qui campait sur les bords de l’Adige. Le général Schérer, lorsqu'il vint en prendre le commandement, vit éclater dans tous les rangs mille signes de défiance et de haîne. C'était sous son administration , comme ministre de la guerre , que les armées avaient éprouvé le double supplice de leurs propres privations et du faste des concussionnaires qu’on envoyait à leur suite. Parmi plusieurs généraux distingués qui étaient sous ses ordres , on voyait Moreau, que le directoire avait assez froidement protégé contre les clameurs de ses ennemis, qui ne cessaient de lui reprocher d’avoir dénoncé trop tard les intelligences criminelles de Pichegru. Pour mettre à l'épreuve sa docilité, on ui avait d’abord donné un emploi au-dessous de sa renommée militaire. À l’approche de la cuerre , on crut devoir recourir à ses talens.

Il paraît que le directoire avait donné l’ordre à Schérer d’aitaquer l'armée autrichienne avant l’arrivée des Russes. Celle-ci attendait un renfort moins important , mais plus prochain; c'était le corps du général Bellegarde, qui descendaït du Tyrol. Schérer voulut le prévenir , et le 16 germinal {6 avril), il engagea une action pour passer lAdige , et il porta la guerre sur le territoire vénitien. La bataille se donna à Castel-Nuovo. Le général Serrurier obtint des avantages assez brillans, et poursuivit les ennemis jusqu’à Rivoli. Le général Moreau, qui avait sous ses ordres les trois divisions Vicior, Hatry et Montrichard , s’avanca jusqu'à Vérone, et fit un grand nombre de prisonniers. Mais les Autrichiens