Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

12 INTRODUCTION.

ui mit toute son étude à aggraver les maux intérieurs de a France, et à profiter des désastres des alliés qu’il armait contre elle. Les chefs de la révolution voyaient partout des manœuvres de Pitt, et frémissaient d'horreur à ce nom. Parmi tant de milliers de Français conduits à l’échafaud, il n’y en eut aucun, sans en excepter ceux qui avaient porté le plus loin les extravagances de la démagogie, qui ne fût accusé d’être un agent de Pitt.

Get homme d'état avait droit, par l'éclat de ses talens, et même par quelques vertus éminentes, à une grande renommée. Fils et élève chéri de l’un des ministres les plus habiles , les plus fiers et les plus intègres qu’ait eus l'Angleterre, il avait dû ses talens précoces pour le gouvernement de son pays à une éducation dirigée toute entière vers ce but. La politique le reçut au sortir de la première enfance. Il avait échappé aux passions ardentes de la jeunesse ; mais aussi il n’avait pas tenu d’elles cette franchise, cette générosité qui, dans les affaires d’état, sont souvent plus utiles que des combinaisons sèches et artificieuses. Il débuta avec des succès étonnans dans le parti de l’opposition. Les principes qu'il énonçait alors sortaient du cercle banal des déclamations anti-ministérielles. L'amour de la liberté, les sentimens de bienveillance sociale, qui calment et qui unissent les nations par des intérêts communs, étaient exprimés dans ses discours avec une telle maturité de réflexions, qu’on était tenté de les considérer chez lui comme des principes invariables. Il parvint bientôt au ministère principal, et se montra infidèle à quelques-uns des amis qui avaient secondé son ambition : tort que lon pardonne moins en Angleterre que celui de renoncer à des principes long-temps professés. Son administration, pleine d’habileté et de fermeté, répara en peu de temps les ficheux effets de la guerre d'Amérique. Tandis que la France paraissait accablée par les efforts dispendieux qu’elle avait faits avec un médiocre succès pour relever sa puissance maritime, Pitt suivait avec constance un système qui soutenait le crédit de l'Angleterre , et lui faisait espérer un amortissement graduel de son immense dette publique. Il avait su, par les besoins du commerce, rattacher à la métropole l'Amérique septentrionale , dont l'indépendance ne fut suivie d’aucun des effets que s’en étaient promis la France et l'Espagne. Il avait commencé à rentre la Hollande tributaire par le moyen du stathouder; et quand il avait fallu soutenir ce prince par les armes de la Prusse, Pitt s'était joué des vaines menaces du gouvernement français.

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Il-avait fait consentir ce même gouvernement à un traité