Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

18 INTRODUCTION.

venu l’entrepôt principal de leurs marchandises , et s’élevait sur les ruines d'Amsterdam. Enfin l'univers n'avait plus de rivage qui ne fût dominé ou menacé par les flottes anglaises.

C'était sous le poids d'impôts multipliés et accablans que le commerce de cette nation s'élevait à une telle sptendeur. Chaque année , M. Pitt ajoutait à la dette nationale un emprunt de vingt ou de trente millions de livres sterling. Il établissait un impôt pour gage de cet emprunt , qui était rempli aussitôt que proposé. Les douanes étaient la ressource la plus vaste et la plus assurée des besoins de l'état. La caisse d'amortissement , dont l'établissement est regardé comme la plus belle opération de Pitt, continuait au milieu de la guerre ses opérations avec assez de succès pour soutenir en Angleterre la confiance hardie sur laquelle se fonde le crédit public. Cependant , depuis la guerre, la dette publique fut presque doublée. Jamais une nation de commerçans ne montra à-la-fois plus d'avidité, plus d'union , plus de constance. Tandis que l'Europe était ébranlée par différens genres de fanatisme qui se combattaient , un seul peuple devait tout son patriotisme à de sages et froids calculs. Sa prospérité était appuyée sur un système de finances dont les succès semblent confondre la raison. Il faut encore un certain nombre d’années pour que l'expérience aide à prononcer sur un système dont les avantages et les inconvéniens semblent jusqu’à présent se balancer.

Les Anglais se ressentaient des souffrances d’une guerre qui répandait tant de fléaux sur le continent : plusieurs de leurs manufactures éprouvaient une langueur qui était la suite nécessaire de l’épuisement de plusieurs nations auparavant opulentes. Ils employaient des sommes considérables à acheter des grains, dont ils éprouvaient souvent la disette. Ce fait semblait annoncer un déclin dans leur agriculture, qui avant la guerre nourrissait les trois royaumes, et pouvait sufire encore à quelque exportation. La taxe des pauvres s’accroissait dans la même proportion que la dette nationale ; et quoique l’on pût continuer ce remède dangereux , il dévoilait l'extrême souffrance des ouvriers et des petits propriétaires. J'ai rassemblé ces différentes considérations , parce qu’elles servent à expliquer une crise où se trouva l'Angleterre , et dont j'aurai à parler dans le cours de cette histoire.

Le gouvernement anglais avait déjà perdu deux alliés puissans, le roi de Prusse et le roi d'Espagne; l’un et l’autre avaient signé un traité de paix avec la république francaise.

Je vais employer le reste de cette introduction à retracer