Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits
.LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ. 159
Si l’on ajoute à ce recrutement défectueux de l'épiscopat, si bien fait pour lui donner l'apparence et les avantages d’un corps puissant et privilégié, le grand rôle qu'avait tenu l'Église dans l’histoire des siècles précédents, alors que ses membres occupaient les plus hauts postes de l'État, siégeaient dans les ministères, dans les ambassades, dans les parlements, dans les Académies, et que, suivant le mot de l’abbé Sicard, l’éminent historien de l’ancien clergé de France, on pouvait se demander « où l’Église n’était pas », on comprend sans peine que l’épiscopat soit devenu, la Révolution commencée, le point de mire des réformateurs.
Toutefois, là où ils se trompèrent, c’est lorsqu'ils crurent qu'ils seraient aidés dans leur œuvre destructive par ce qu’on appelait le bas clergé. Assurément, le bas clergé souhaitait des réformes; il souhaitait plus d'équité dans la distribution des bénéfices ; il se croyait digne d’accéder, lui aussi, aux fonctions épiscopales, d’où, peu à peu, l’usage l'avait banni. Mais, ces réformes, il voulait les voir se réaliser d'accord avec les évêques, et non contre les évêques. À leur exemple, il s'était résigné à la confiscation des biens ecclésiastiques, suivie aussitôt, d’ailleurs, de la fixation