Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

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à soupçonner qu'ils pouvoient bien ne pas se comprendre parfaitement eux-mêmes, la secte nouvelle, dans son attitude dédaigneuse, resta exposée aux_.atteintes du ridicule.

Kant, qui, sur la fin de sa carrière, avoit obtenu un- des succès les plus brillans peut-être et certainement les plus rapides dont un philosophe ait jamais joui, a vécu cependant assez pour le voir déjà décliner; et il a survécu à une portion de sa propre gloire. IH a vu ses disciples divisés entre eux; quelques-uns, précipités dans les exagérations auxquelles il avoit voulu porter remède, é’'autoriser, contre son propre témoignage, de son nom et de ses préceptes, au milieu de leurs erreurs ; les systèmes les plus absurdes présentés comme des corollaires inévitables de sa doctrine, et l'incrédulité religieuse, dont il avoit voulu écarter les dangers, propagée par l'école même dont il étoit le fondateur. Cette seconde révolution étoit facile à prédire, et avoit été prédite, en eflet, par le petit nombre d'hommes qui, comme le sage Jacobi, avoient, dès l'origine, saisi le véritable esprit et la tendance naturelle de ce système.

Kant a trouvé la science reposant sur deux antiques bases, les principes et les faits : sa prétention a été de placer une base nouvelle et plus