Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

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I est d'autant plus essentiel de bien faire sentir le mérite, l'importance et la nécessité de La philologie, que les dernières générations ne paroissent pas l'avoir assez appréciée, Dès que la France a eu de grands écrivains, elle a négligé les langues anciennes qui les avoient formés. Dès que Îa critique a eu ouvert un champ fibre à la philosophie de Phistoire, la philosophie et le bel esprit ont traité de pédantisme les études qui avoient enfanté la critique et fécondé le génie des Corneille, des Bossuet, des Racine, des Pascal, des Fénélon, &c. dont les noms sont à jamais consacrés par la gloire. Presque aussitôt les sciences exactes et les sciences physiques, peu cultivées en France dans un siècle qui paroissoit ne trouver de charmes que dans a littérature , ont pris l'essor le plus rapide : leur attrait naturel; {a facilité d'acquérir, en s'amusant, quelques connoissances superficielles ; la facilité même d’en acquérir d'assez profondes et d'assez étendues pour se placer au rang des maîtres, dans un âge où, pour lordinaire » On commence à peine à balbutier en littérature; enfin la mode, si puissante sur les François, ont fait que presque tous les esprits se sont tournés vers les sciences. Au lieu de se borner à croire qu'elles étoient utiles à beaucoup de choses, on s'est persuadé qu'elles