Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut
338 HISTOIRE ET LITTÉRATURE ANCIENNE.
par Descartes ; il est, pour ainsi dire, l'essence de'sa philosophie; et il nous explique l'influence prodigieuse et trop peu connue que cette philosophie a exercée sur notre langue et sur notre littérature. Elle retiroit de ce principe de clarté, et de l'appel qu’elle avoit fait à la réflexion, l’avantage de renfermer en elle-même le germe de son propre perfectionnement : cherchant Îa source de la vérité dans le compte que la pensée se rend à elle-même, dans la conscience intime de les-. prit, elle tenoit constamment la raison en éveil, et l'invitoit à revoir, à corriger, à compléter ses premiers essais. Aussi l'esprit de Descartes, cet esprit actif et investigateur, revit encore dans Condillac, et s'y montre dans la critique même des opinions dogmatiques de son prédécesseur. Le disciple de Locke a été plus Cartésien qu'il ne croyoit l'être. Les écrits de Condillac, à leur tour, ont conduit ses successeurs à rectifier quelques maximes trop vagues ou inexactes de sa doctrine. Telle étoit, par exemple, cette maxime qui réduit toutes les opérations de l'esprit à la sensation transformée ; maxime qui a séduit son auteur par son apparente simplicité et par sa forme absolue, mais qui, soumise à une analyse sévère, a paru ne présenter aucun sens. Telle étoit encore sa définition du Jugement, qui, nele