Rapport sur les Dommages de Guerre causés à la Serbie et au Monténégro présenté à la Commission des Réparations des Dommages
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Son territoire envahi a été soumis à un régime de feu et de sang. Les Bulgares qui ont occupé les deux tiers de notre pays ont procédé à l'extermination systématique de la population, dans les régions qui devaient leur revenir en vertu des traités faits avec les puissances centrales. Les Autrichiens, les Allemands et les Bulgares, pendant plus de trois ans ont mis notre pays en coupe réglée, l'exploitant de la façon la plus impitoyable et inhumaine, opprimant les populations décimées par les maladies épidémiques et par la misère générale, leur enlevant tous leurs instruments de travail et de production.
Après la rupture du front macédonien nos ennemis, en se retirant et en évacuant notre territoire, ont agi à la façon d'une pompe aspirante. Tout a été volé, raflé, emporté.
La Serbie et le Monténégro se trouvent aujourd'hui dans une situation absolument désespérée. Pays essentiellement agricoles, ils sont complètement privés de cheptel mort et vif. La récolte de cette année est définitivement compromise, les semailles n'ayant pas pu être faites, faute de bétail et d'instruments agricoles. Cette situation ne peut se prolonger sans que les plus graves calamités économiques et sociales ne s’abattent sur le pays. Un prompt secours s'impose.
Dans les conventions d’armistice notre pays a été complètement négligé. Les stipulations, concernant les reprises en nature à l’identique et à l'équivalent qu'on y a insérées, sont sans application à notre pays. Nous avons demandé depuis que cette lacune soit comblée et que par des modifications à introduire dans ces conventions, il nous soit assuré la récupération de ce qui nous a été enlevé et volé. Malheureusement, toutes nos démarches faites dans ce but sont restées sans résultat.
Nous ne pouvons être sauvés de la ruine matérielle définitive et de toutes les conséquences sociales qu'elle entraîne infailliblement, que si l’on nous accorde d’abord un traitement de faveur pour la récupération de nos biens enlevés et ensuite, si l'on ne nous met pour le recouvrement de nos créances sur un pied d'égalité avec le pays qui ont le plus souffert de la guerre.
Telles sont les raisons que la Délégation serbe fait valoir en faveur de sa demande de priorité.