Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
EN pr
sous le prétexte de rendre accessibles toutes les fonctions à toutes les Capacités. Le désintéressement n’est plus que l’accaparement des places au profit des riches. Comme jadis, aucune capacité de quelque valeur ne surgit de cette pitoyable réunion de tous les mauvais penchants et de toutes les ambitions mal justifiées. Si quelques noms font exception, ce sont des aristocrates rénégats qui, pour vénger leurs talents méconnuset leurs prétentions avortées, se jettent à corps perdu dans le parti révolutionnaire.
S'ilest permis de juger un parti sur les sympathies qu’il témoigne hautement, d'apprécier ses tendances, non-seulement d'après les actes qu'il commet, mais d'après ceux auxquels il applaudit, nous avons un moyen de plus de juger les révolutionnaires genevois. Hé bien! on ne saurait nier qu'une intime alliance ne les unisse à tous leurs frères’et amis des autres pays ; la solidarité est complète. Ce qu'on n'a pas fait à Genève, on l’a du moins fait ailleurs et on ne l’a point blâmé chez nous. Les régicides commis contre le roi des Français ont été considérés par cette faction comme les épisodes nécessaires de la grande œuvre qu'elle poursuit; le renversement de ce prince a excité son enthousiasme ; les insurrections formidables qui ont éclaté dans tous les pays de l’Europe ont été applaudies avec transport, avec une satisfaction trop peu déguisée. Cette faction a entendu la nouvelle de tant d’assassinats commis par les démocrates de Rome, de Paris, de Vienne, de Pesth, de Francfort, et par tant d’autres ; le sourire sur les lèvres, elle a entendu un démocrate allemand demander deux millions de têtes et une mer desang, elle a vu un démocrateitalien faire égorger de sang-froid et par centaines ses adversaires politiques dans les souterrains d’un couvent... et cette faction a réservé toute sa sensibilité pour quelques émeutiers pris les armes à la main et qui ont subi la loi de la guerre, trop honorable encore pour eux !
Les atrocités dont Genève fut le théâtre en 94, Genève dès lors ne les a pas revues ; mais ce n’est point un mérite spécial à ses citoyens.
Les temps sont changés, la démagogie a été partout comprimée par”