Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
— 167 les précautions que les circonstances exigealient, Genève n'aurait pas encore à gémir Sur un crime nouveau : j'avoue qu'alors je fus atterré; je ne vis plus que le tombeau de mon infortunée patrie ouvert pour dévorer le reste de ses victimes, Sans aucun moyen pour les sauver; toutes mes facultés furent anéanties; le cœur plein de désespoir de voir ma patrie souillée du dernier des attentats, et que les auteurs allaient encore échapper au glaive de la loi, puisqu'on ne voulait prendre aucune mesure vigoureuse pour assurer leur juste punition, je pris de nouveau la résolution de résigner ma place.
Tant que nous conlinuerons à provoquer notre engourdissement par des soporifiques toujours renouvellés, qui ne nous ont jamais procuré qu'un soulagement perfide, et qu'armés d’un foudre de jastice, nous n'abattrons pas à la fois toutes les têtes de l'hydre qui nous dévore , il est presque inutile de s'occuper de moyens secondaires. Eh bien! qu'attendons-nous encore pour consommer l’œuvre salutaire? N'y a-t-il pas assez longtemps que nous gémissons et que nous courbons làchement la tête sous la plus révoltante de toutes les Lyrannies ? Que faut-il encore pour consommer noire déshonneur et notre infamie? Rien, absolument rien ; notre désastre est complet. Qui le croirait cependant en voyant notre inconcevable apathie, qu'au milieu de tant de malheurs le port du salut nous est encore ouvert ? Rien cependant n'est plus vrai, que faut-il donc faire pour arriver? Ce qu'il faut faire! il faut que l'excès du mal nous ramène au bien ; il faut que les bons citoyens , les vrais patriotes se pénètrent de la nécessité absolue d’écraser sous le poids de la loi tous les anar-