Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
transit des blés ne souffrissent aucun retard. Je savais mieux que personne qu'un empêchement d'un mois ou deux pouvait nous jeter dans un affreux désespoir. Comment, s'écria-t-il, puis-je étre criminel! moi qui n'ai cessé de secourir les infortunés; moi qui ai versé de grosses sommes dans la chambre des blés; moi qui ai payé pour soutenir des amis un capital considérable ; moi qui, dans le délabrement de ma fortune, écrivais à mes enfants de porter sur toutes leurs dépenses la plus stricte économie, pour que je pusse continuer de fournir aux besoins de quelques familles extrémement pauvres ; mot qui parlais à mes connaissances d'une contribution volontaire en faveur de l'Etat. Enfin, sur ce qu'un juge eut l'impudence de lui faire remarquer que ce tribunal n'était pas appelé à juger de sa moralité domestique, il termina sa défense par ces mots qu'il prononça d’un accent déchirant : Hélas! je croyais être aimé et chéri de mes conciloyens, mais je vois que je me suis trompé!
Prevost-Cabanis était accusé, « 1° d'avoir été employé, en 4791 et 1792, à parcourir les sociétés des bourgeois qui auraient eu quelque penchant à favoriser l’établissement de légalité politique, pour les en détourner; 2° d’avoir répandu de l'argent pour corrompre le peuple; 3° d’avoir fait armer les citoyens contre les habitants des campagnes. »
Sa situation actuelle était un exemple bien frappant du peu de confiance qu'on doit mettre dans les marques d'attachement et de reconnaissance que le peuple prodigue. Peu d’années auparavant, il avait été l’objet chéri de cette portion du peuple qui l’appelait en jugement. Ses amis politiques s'arrêtaient sous ses fenêtres, le