Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
Les contradictions les plus palpables ne les arrêlaïent pas. Car depuis que la démagogie s'était saisie des rênes du Gouvernement, bien loin d’avoir réparé quelques fautes de l’ancien régime, elle avait, au contraire, dans le court espace de deux ans, commis plus d’actes arbitraires et sanguinaires que le Duc, l'Évèque etles Conseils n’en exercèrent pendant une longue suite de siècles. Les huit premiers jours de cette révolution ont vu plus de vols, de dilapidations, de sacriléges et de massacres, que n'en commettraient les treize prisonniers de guerre, exécutés à l'Escalade, si, rappelés à la vie, Genève leur élail livrée avec la puissance de s’y venger du supplice infamant qu'une politique outrée leur a fait subir. Au moins n’auraient-ils pas la lâche hypocrisie d’avoir sur les lèvres les mots d'humanité et de vertu, lorsqu'ils insulteraient à la pitié et aux cris de désespoir de toute une ville; et la froide cruauté de parler de bonheur au peuple, à l'instant même qu'ils l’environneraient de ruines et de cimetières.
Quand ces noirs hypocrites s'adressaient à cette foule d'ouvriers qu'ils avaient rendue misérable en l’arrachant au travail, ils lui prometlaient l’âge d'or. Les aumônes des riches, disaient-ils, dégradent la dignité de l’homme libre. Les richesses sont le fruit de votre industrie, de vos travaux et de vos sueurs. Elles doivent être réparties également entre tous les citoyens; c’est le vœu de la nature et de la raison. Désormais vous n'aurez plus à lutter pour obtenir les objets de première nécessité que le luxe dévorait sous vos yeux. La terre, travaillée par des mains libres, produira au delà de vos besoins. Le faste de ces hommes insolents n’insultera plus à votre extrème misère. Chacun de nous aura une petile maison pour s y