Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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loger commodément, et un champ qui produira la nourriture et les vêtements. Nous ne dépendrons plus de nos voisins pour nos subsistances, et notre indépendance par cela même n’en sera que plus assurée. Nous jouirons en paix des dons de la liberté et de l'égalité. Les ministres d'une religion fanatique ne seront plus à charge à la nation. Nous consacrerons à l'Eternel un culte simple, le seul qui puisse lui plaire. Nous fonderons des établissements pour l'éducation, pour le malheur et la vieillesse .…. Et après avoir ainsi abreuvé les prolétaires du poison de l'envie et d’un avenir heureux, ces perfides factieux ajouaient avec l’accent de la douleur : « Quand les bêtes sauvages veulent se reposer, elles ont dans les montagnes et dans les forêts des lanières et des cavernes; mais vous, braves patriotes, dont l’industrie et les travaux ont enrichi vos oppresseurs, plus malheureux que les bêtes féroces, vous n'avez ni toit, ni chaumière pour vous loger... Vos ennemis ont poussé la dureté jusqu'à prendre des mesures pour faire tomber sur vous des impositions qu'eux seuls devaient supporter; mais ces mesures ont frappé vos oreilles, et l'excès de celte nouvelle tyrannie vous a armés du glaive vengeur. Ecoutez, courageux révolutionnaires: il faut que la nation, en rentrant dans l'exercice de ses droits, apaise les manes des victimes de l’infâme aristocralie, par la punition des grands coupables, dont les crimes ont brülé la terre de la liberté... » Cette foule de dupes, entraînée par l’éloquence dévastatrice de ses démagogues, ne soupçonnait guère qu’elle allait concourir à sa ruine, à sa perte totale. Si les langues n’eussent pas été liées par la terreur, plusieurs voix auraient repoussé avec indignation ce tissu grossier de fourberies, et surtout