Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
» marché constamment dans le chemin de l’honneur. » Il m'inspire, il m'inspirera jusqu'au dernier moment > de ma vie... Pour toi, mon cher fils, que mon exem» ple ne te détourne point d’une marche loyale et fran» che dans toute ta conduite, quoiqu’elle soit la cause » de ma perte; mais éloigne-toi des affaires publiques » etc., Etc. »
Ces âmes généreuses furent livrées au Comité militaire chargé de faire exécuter les sentences. Comme les cannibales les emmenaient dans l'enceinte fatale, située à deux pas du bataillon carré, quelques révolutionnaires, qui ne pouvaient plus supporter toutes ces abominations, demandèrent à grands cris main-forte pour les arracher à ces buveurs de sang; mais ce fui au milieu d’une nuit ténébreuse un éclair qui ne laisse point de trace. Arrivés à l'endroit où leurs noms devaient passer à la postérité, ils s’embrassent avec ce sentiment analogue à leur pénible situation. Ils s'invitent à soutenir ce dernier assaut avec fermeté. « Ce n'est pas sur nous, se disent-ils, qu’il faut verser des larmes; encore un instant et nous serons dans le sein de la félicité..…..! Hélas! c’est sur nos malheureux compatriotes, qui même ne trouveront pas des consolations dans leur repentir.» Pour se cacher mutuellement l'agitation de leur âme, ils détournèrent leurs regards en se disant un éternel adieu. Chenaud, Decombes, Munier et Vivien font un groupe, Cayla, Prevost et De Rochemont, un autre. Ce dernier prit la posture d’un héros. Aux approches de la mort, leur héroïque courage ne se démentit point. Tous refusèrent de se mettre à genoux et de se bander les yeux. Que l'innocence, la vertu et la religion inspirent de fermeté!