Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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Un piquet de la garnison était vainement attendu pour cette exécution. Ces braves soldats avaient répondu, à l’ordre de partir, qu'ils étaient au service de la République pour sa défense, et non pour en égorger les citoyens. Paroles mémorables qui doivent êlre gravées sur l’airain à la honte de ceux qui les remplacèrent: car, dans ces jours d'ignominie et d’effroi, ce n’était pas sans danger qu'ils se refusaient d'être l'instrument d’un crime. Cette heureuse circonstance semblait devoir sauver la vie aux condamnés. Quand des étrangers ont en horreur de répandre le sang genevois, pouvait-on s’imaginer que Genève nourrissait des monstres qui le feraient couler? Pour l'éternel opprobre du nom genevois, le membre du Comité militaire, qui faisait exécuter les jugements, était un avide buveur de sang, une créature que l'enfer avait vomie. Ce parricide, qui commandait aux destinées de la patrie, pouvait saisir le refus du piquet pour crier : La vie! la vie! nous ne sommes pas des bourreaux! et ce retour d’un chef à la raison ramenait les plus altérés de sang. Mais ce Ravaillac ordonna aux chevaliers de la mort de s’avancer. Voyant qu'ils restaient immobiles, et saisis d'horreur, il leur cria qu'ils étaient d’indignes citoyens, des lâches. Ces épithètes ne les ébranlant pas, il se porte sur eux en vomissant des flots d’injures et d'exécrables blasphêmes. Hors de lui-même, le crime sortant de tous ses pores, il en prend plusieurs au collet et les arrache de leurs rangs. Une trentainesont en position de faire feu.. Les coups partent... Genève vertueuse n’est plus. Dieu puissant! l'innocence succombe, le crime sort triomphant de cette lutte.…oùest ta justice éternelle!.. mon esprit se confond... maraison se trouble.