Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

jusqu’à vouloir vous fléchir. Je sais que ma mort est décidée d'avance, et vous savez que je hais trop vivement l'injustice pour ne pas mériter le triste, mais honorable sort des magistrats que vous avez déjà fait périr. Cependant, pour prouver à toute l'Europe la profonde iniquité de vos jugements, je déclare ici devant Dieu, que depuis la destruction du gouvernement de 1792, j'ai vécu dans la retraite: que convaincu de l’inutilité de mes efforts pour rétablir l'empire des véritables lois, je suis resté soumis à celles que vous aviez faites; et que, concentrant dans mon âme un genre de liberté qu'il n’était pas en votre pouvoir de me ravir, j'ai supporté l'esclavage que vous m’aviez imposé; contraint de voir, sans murmurer, l'impunité et le triomphe du crime. La pensée que je vais cesser d’en être le témoin, adoucit l’amertume de ma cruelle séparation de mon épouse et de mes enfants, dont le sort reste dans les mains de la Providence, mais qui, du moins, n'auront jamais à rougir de m'avoir appartenu. Etc., etc. »

Puis, lorsque le Tribunal de sang lui eut appris

son sort : Et moi, s'écria-t-il, je vais, à mon tour, vous prononcer celui qui vous attend, vous et vos complices

Enrichis par le pillage, et devenus les maîtres absolus

de l'Etat, n'espérez pas jouir paisiblement du fruit de

vos forfaits. Tous les freins que vous avez détruits pour

arriver au despotisme se trouveront aussi détruits pour vous : des factions nouvelles se formeront au milieu de

votre faction : vous luiterezs sans cesse les uns contre

les autres pour vous arracher l'autorité. Vous vous êtes

unis comme des tigres pour aticindre votre proie; comme