Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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grands talents, se défendit avec une telle force, que l'un des Juges, en prononçant sa condamnation, lui dit : J'ai deux consciences, dont l’une t’absout comme innocent, et l'autre te condamne pour sauver la République. — « Elle perdra en moi un grand citoyen, » répliqua froidement le Magistrat; et ce mot singulier, hardi et qui peint son âme, était profondément vrai.
On à publié en Suisse le discours éloquent qu'il prononça en public devant ses Juges, et qui arracha alternativement aux galeries des cris d'admiration et des cris de mort. En voici quelques fragments, qui suffiront pour faire apprécier l’âme et les talents de ce Magistrat républicain :
« Qui êtes-vous, pour prétendre avoir le droit de me » juger? » dit-il au Tribunal qui le fit traduire devant lui. «Je ne vois ici que des usurpateurs. Après la » destruction de l'autorité légitime des Magistrats de » 1792, vous aviez créé d’autres lois, d'autres fonctions » publiques; et vous-mêmes, vous venez de briser en» core ce nouvel ordre politique, pour vous asseoir sur » un Tribunal de proscription, déjà souillé de plusieurs » assassinats. — Soutiendrez-vous que vous agissez en » vertu de la souveraineté du peuple? Mais si vous » le considériez comme souverain, n’auriez-vous pas » eu la précaution de convoquer tous les habitants du » territoire, sans distinction de parti et d'opinion? Si » vous étiez les organes de la véritable volonté de ce » peuple, n’auriez-vous pas écarté de cette assemblée » tous les moyens de terreur, que vous employez pour » nuire à la liberté de ses vœux?
« Gardez-vous de croire que je vienne m'avilir ici