Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

pirait encore l’indécision du sort des autres prisonniers, ils ont renouvelé leurs visites domiciliaires, n'ont laissé à chaque individu que douze onces de vaisselle, et ont achevé de dépouiller ceux qui espèrent sauver leur vie en indiquant et livrant leur fortune. Parce que les Français avaient confisqué les biens de ceux des émigrés qui s’armaient contre la nouvelle République, leurs imitateurs ont, sous la même peine, sommé de comparaître la plupart des Genevois qui s'étaient trouvés absents pendant cette tragédie; et ils ont ordonné en outre à toute personne dont la fortune excède 20,000 livres tournois de capital d’avoir à la leur déclarer dans huit jours, pour être taxée en raison de ses moyens et de son patriotisme. Enfin, ils ont couronné ces opérations préalables en transformant les temples en clubs, en réduisant le culte religieux à un très-petit nombre de services, et en autorisant expressément le mariage et le sacrement du baptême par l'intervention des officiers civils, et sans celle des ministres du culte.

Les esprits ainsi préparés, et ayant essayé sur eux son autorité en ordonnant la délation de tous propos qui manifesteraient sur les jugements révolutionnaires une sensibilité qu'il menaçait de punir révolutionnaire ment, le Tribunal a repris le glaive judiciaire qu'il n'avait suspendu que pour mieux juger si les Genevois pourraient s’accoutumer au sang. Après avoir banni quelques soldats de la garnison, qui avaient eu le noble courage de refuser leur ministère pour fusiller les sept premières victimes, il en a envoyé successivement à la mort quatre autres, dont trois étaient d'anciens magistrats. L’une d’entre elles, Naville, distingué par de