Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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que les grenadiers, et non les directeurs d'une pareille subversion. Aussi, dès qu’elle eut été accomplie, les principaux membres du Gouvernement se hâtèrent-ils de s’y associer ouvertement, soit pour y échapper, soit pour en conserver les pillages, ou en recueillir les fruits, soit enfin pour en arracher les rênes au Résident de France. Il en était temps; car celui-ci, en excitant les montagnards, s'était flatté de les gouverner exclusivement, et par leur moyen d'amener la petite République à demander sa réunion à la grande.
Quand Soulavie vit que les syndics révolutionnaires lui enlevaient cet espoir, il leur déclara une guerre ouverte. Mais ici survint un événement qui lui Ôta sa plus grande force, la catastrophe de Robespierre, dont il était la créature. Cette catastrophe inopinée laissant entrevoir tout à coup aux syndics la perspective de renverser ce rival, ils le dénoncèrent sans ménagement à la France, et ils obtinrent contre lui le concours de tous les Genevois qui voulaient sauver l'indépendance de leur patrie.
Soulavie fit alors un dernier effort pour agiter de nouveau la faction des Montagnards et des Marseillais, qui lui échappait. Il n’eut pas de peine à les soulever : le soudoiement des révolutionnaires qui n’avait été décrété que pour trois semaines, et qui coùtait environ 300 louis par jour à l'Etat, venait de cesser. Ces deux clubs jetèrent d’abord de sourdes clameurs, et demandèrent bientôt une nouvelle solde, par conséquent une nouvelle révolution. On les avait flattés, disaient-ils, que lorsque la répartition des biens serait faite, chaque patriote y aurait trouvé un petit patrimoine suffisant pour vivre. Ils voyaient avec irritation leurs pillages dissipés en même temps que