Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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En effet, sous un rapport, mais sous un seul, les Genevois sont restés en arrière de ces derniers, puisque, sur 508 victimes, il ne s’est trouvé qu'une seule femme qui a été condamnée à la réclusion perpétuelle pour avoir accordé des secours, et fait passer des lettres à des émigrés Français : encore est-il vraisemblable que cette condamnation a été forcée par les instances du Résident de France.

Sous tous les autres rapports, les révolutionnaires Genevois ont surpassé leurs modèles. C'est ainsi, par exemple, qu’on a vu, dit-on, l’un des membres du tribunal exécuter et fusiller lui-même les infortunés magistrats qu’il venait de condamner. C’est ainsi que lorsque l'un des magistrats porté sur la liste des émigrés se présenta en personne, pour représenter qu'il n'avait point quitté la République, on lui répondit froidement que s’il n’était pas émigré, il aurait dù l’être. C’est ainsi enfin que les juges du syndic Cayla eurent l’impudeur de placer à la tête de ses accusations, les immenses aumônes que ce vertueux magistrat avait fait distribuer de tout temps à la classe des pauvres, dans l'intention, lui imputait-on, de la corrompre. Il n’est que trop vrai qu'il avait mal placé ses bienfaits, puisqu'il les avait versés sans relâche sur la classe même qui a demandé à grands cris sa mort, et qui l'a obtenue. Elle semble se la reprocher aujourd'hui; mais il a fallu un événement étranger et inattendu, pour là forcer à ce prompt retour sur elle-même.

Vous vous rappelez, Monsieur, que la subversion du 48 juillet avait été, sinon méditée, du moins exécutée par les clubs des Marseillais et des Montagnards. Ces clubs, composés de la dernière classe de notre peuple, et où étaient admis beaucoup d'étrangers, ne pouvaient être