Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
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retiré après avoir donné sa démission, Rouget vit se dissiper promptement son modeste patrimoine. En 1818, il vint à Paris, où il travailla sans relâche et avec peu de profit, pour les journaux, notamment pour la Revue britannique. Il fit des opéras : Macbeth, joué sans gränd profit; Othello, que Meyerbeer ne voulut point mettre en musique, malgré les instances de Béranger.
€ Mon cher ami, lui écrit notre illustre chansonnier, € j'ai fait votre commission aussi bien qu’il m'a été pos« sible. À l'envoi des Ghants français je me suis per« mis de joindre une petite lettre à Meyerbeer, que j'ai € vu une ou deux fois chez Jouy, ce qu'il a sans doute « oublié. Dans cette lettre j'ai dit de vous et sur vous ce «€ que j'ai cru de plus convenable à dire. Tout cela était « peu à propos peut-être, et peut-être aussi mon élo« quence était-elle un peu embrouillée, car il y a fallu « méler des éloges pour ce maître et vous savez combien € je suis ignorant en musique et peu au courant des mer« veilles de cet art. Au reste, tout cela était fait avec la « meilleure intention du monde et je souhaite vous avoir . « été bon à quelque chose auprès de ce compositeur cé« lèbre. Quant à votre Oéhello, n’y comptez pas : iln’osera € jamais entrer en lutte avec Rossini, je vous le prédis. « Je sais qu’il affecte la plus profonde admiration pour « son génie.
« Ce dont je vous félicite bien, c’est d’avoir une bonne « redingote d'hiver. Voilà du bonheur. Eh bien! puisque « vous voilà à l’abri du froid, ne pouvez-vous, en rêvas« sant, trouver un sujet d'opéra autre que votre More? « Le Shakspeare commence à nous fatiguer. Cherchez « ailleurs et votre Allemand fera peut-être quelque chose € pour vous’.
1. Béranger, Correspondance, t. Ie, p. 392.