Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
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et se mamfestent avec tous les prestiges de l’astre qui les éclaire. Là, sur ma gauche, à l’ouest, c’est la tour de Montmorot, dont une eupidité vandale menace les débris; monument sacré où, suivant les vieilles traditions, fut élevée cette belle et pieuse Clotilde, qui put changer la croyance, mais non pas adoucir les mœurs d’un époux barbare. Au nord, en face de mon humble habitation, s'élève la Tour du Pin, qui s’enorgueillit d’avoir possédé le plus brave des chevaliers, le plus français de nos monarques, le meilleur des hommes, notre bon Henri. Sur la colline intermédiaire, à l'emplacement où fut le chàteau de Pymont, je distingue une vapeur blanchâtre qui semble être le fantôme de ses restes nouvellement écroulés. S'ils se dirigent à l’est, après avoir observé la masse obscure formée par le feuillage de la forêt de Pannessières, mes yeux se rabattent sur le joli village de Périgny, qui tapisse en amphithéâtre le pied de la montagne ; puis, s’élançant au sommet, ils se reposent avec les rayons de la lune sur la cime des grands arbres, tout cicatrisés de la foudre, qui le couronnent et que les siècles ont vu naître et vieillir au milieu d’une enceinte sépulcrale, chère de tout temps à la piété des fidèles du canton. Tandis que sous leurs antiques rameaux ils abritent la modeste et vénérable chapelle de Saint-Etienne, construite sur le terrain même où l’on rapporte qu’à la naissance du christianisme dans les Gaules, des büchers immenses étaient allumés à des heures marquées de la nuit pour annoncer la célébration du saint sacrifice et ses différentes solennités aux peuples attentifs de la Séquanie cisjurane, de la Bresse et d’une partie de la Bourgogne. « J'en étais là de mon récit lorsqu'un événement cruel
. 4. Saïnte Clotilde, princesse de la maïson de Bourgogne, femme de Clovis.