Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903
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une fois nos études finies, nous n’aurons plus à nous occuper de ces problèmes ardus de science religieuse. » Je ne crois pas me tromper en prêtant ce langage à quelques-uns parmi vous. Je connais, pour ma part, des pasteurs qui, depuis leur sortie de la Faculté, ne lisent plus la Bible que dans des traductions, que la théologie intéresse fort peu, et qui chargent la tradition ecclésiastique de répondre pour eux aux questions critiques. Ils prennent ces réponses pour des vérités indiscutables, et ils seraient probablement fort embarrassés de les démontrer. Savez-vous pourquoi je vous demande, à vous, pour lesquels il en est temps encore, de ne pas être de ceux-là? C’est au nom même de votre piété, de votre vocation pastorale et du sérieux de votre ministère à venir. Votre peu de curiosité intellectuelle me révèle un état d'âme qui m'inquiète, qui me fait trembler pour votre piété elle-même ; car, enfin, cette ardeur que nous vous reprochons de ne pas avoir, cette passion pour la critique qui vous manque, ne portent pas sur des questions n’offrant qu’une pure curiosité historique. Il s’agit, en définitive, de vos plus chères certitudes et des intérêts sacrés de votre âme. Je ne comprends pas comment un étudiant pieux, ayant une vocation sérieuse, n'éprouverait pas, à cause de ses croyances elles-mêmes, un besoin irrésistible d'étudier les documents qui sont à leur base, à l'aide de toutes les ressources que la science critique met à sa disposition, ne voudrait pas, en toutes ces choses, peser le pour et le contre, connaître les opinions opposées et résoudre par lui-même tous les problèmes qui peuvent être résolus.
Eh quoi! votre foi repose sur les Saintes Écritures et vous ne feriez pas personnellement les recherches qui vous permettront de mieux les connaître? Toutes les questions dites d'Introduction ne se poseraient pas impérieusement devant vous? nous vous offrons de vous mettre à même de les étudier, et vous n’en profiteriez pas ? Si vous tenez si peu à vérifier vos croyances, je me demande quelles peuvent être leur solidité et leur valeur.
Ici, cependant, évitons tout malentendu. Ce n’est pas de la solution d’un problème d'histoire que dépend la foi qui sauve. On peut tout ignorer de la théologie et être un chrétien grand par la foi et grand par les œuvres accomplies. Ce n’est pas la critique qui peut vous donner ou vous ôter votre foi; celle-ci est affaire d’ex-