Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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guste adhérent, l’orthodoxie perdit une princesse de Monténégro, qui embrassa le catholicisme pour s'assurer le trône d'Italie.

Le prince Ferdinand, sitôt rattaché par un lien spirituel à la famille impériale de Russie, fut accepté par toute l’Europe. On se rappelle le mot célèbre de Gambetta: « L’anticléricalisme n’est pas un article d'exportation. » Il semble que la République française, — qui, dès ce moment, révait la séparation de l'Église et de l'État, — n’avait rien à voir dans ces questions de rite ou de sacristie. Et cependant, pour complaire à la Russie, elle avait boudé le prince Ferdinand, et pour complaire de nouveau à sa grande alliée, elle le reconnut, parce que l'héritier présomptif ferait désormais le signe de la croix autrement que nous ne le faisons en France. Naguère, j'avais vu le prince Ferdinand venir incognito à Paris causer avec les amis de son pays et chercher les moyens de sortir de l'impasse où il était engagé. Maintenant il était reçu à la gare de l’Est avec les honneurs militaires, accueilli triomphalement dans ce palais de l'Élysée qui jadis ignorait sa présence, tout cela parce que son fils ainé ferait désormais ses prières en slavon au lieu de les faire en latin. Il faut avouer que l’histoire a quelquefois des surprises bien singulières.

La princesse Marie-Louise de Parme, qui avait donné deux fils et deux filles à son époux, ne survécut pas longtemps à une épreuve qui dut lui être assez douloureuse. Bonne et charitable, cette princesse a laissé un souvenir populaire. Après quelques années de veuvage, Ferdinand a épousé en secondes noces une princesse de Mecklembourg qui paraît avoir gagné en peu de temps le cœur de ses nouveaux sujets. On l’appelle la reine sœur de charité. La famille royale de Bulgarie est probablement aujourd’hui en Europe celle qui offre la plus grande diversité au point de vue des cultes. Ferdinand [* est catholique, son épouse luthérienne, son fils ainé orthodoxe.

Tous ceux qui ont approché le nouveau roi, — j'ai eu parfois cet honneur, — se plaisent à reconnaitre les hautes qua-