Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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tale. Mais ils ont droit d’être fiers des progrès accomplis sous les yeux d’une Europe, en somme médiocrement bienveillante, malgré les obstacles que leur ont tour à tour opposés leurs voisins immédiats, les Turcs, les Serbes et les Hellènes.

C’est par l'instruction publique, par l’école que la nation bulgare s’est refaite au xix° siècle et qu’elle a réussi à échapper au double joug que faisaient peser sur elle les Turcs et les Grecs phanariotes. C’est par le rapport du ministre de l’Instruction publique que débute l’ensemble des documents administratifs que j'ai sous les yeux.

Sous le règne de Ferdinand a été votée en 1891 la loi qui organisait sérieusement l'instruction publique de la Principauté. Cette loi intéresse le budget de l'État aux écoles primaires qui jusqu'alors étaient généralement entretenues par les communes.

En 1889 la contribution de l'État aux dépenses scolaires était de 980000 francs; en 1890 elle monte à 1075000 francs. En 1907, elle est montée à 5 millions 700 000 francs (On sait que le système monétaire bulgare est identique au nôtre). Le chiffre des écoliers croit en proportion de ces dépenses. Pendant l’année scolaire 1887-88 il était de 125 77 Pour l’exercice 1906-1907, il a été de 334 719, ce qui représente une augmentation de plus de 166 pour 100. Ce n'est pas seulement le sexe fort qui a bénéficié du progrès de l’école ; la proportion des élèves femmes était en 1887-88 de 22 pour 100. Elle a dépassé 45 pour 100 pour le dernier exercice.

En 1888 le nombre des instituteurs était de 3 292 ; il est de 7241 en 1907. À l’époque où les instituteurs étaient payés uniquement par la Commune, ils étaient réduits à un marchandage assez humiliant. On ne prenait pas toujours le plus habile, mais le plus économique. Aujourd’hui, grâce au traitement fourni par l'État, ce marchandage a disparu.

Dès maintenant, au point de vue de l'instruction élémentaire, la Bulgarie est en avance sur les pays voisins, la Roumanie, la Serbie, la Grèce. L'enseignement des femmes