Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

UNE EXCURSION A SOFIA 221

On dirait une énorme tortue. Peut-être quand les coupoles seront dorées, l’ensemble prendra-t-il un peu plus de légèreté. L'intérieur que j'ai visité à travers les échafaudages doit être décoré d’une infinité de fresques et de mosaïques. L'effet promet d’être assez somptueux.

Le palais des rois perdu dans la verdure des jardins qui l'entourent est, si je ne me trompe, resté tel que je l'ai connu naguère du temps du prince Alexandre. Dès maintenant on songe à en construire un plus magnifique, dont l'emplacement est déjà désigné.

Les édifices civils qu'on a dû élever assez vite pour répondre à des besoins urgents n’ont pas eu la prétention d’affecter un style national dont on ne connait guère les éléments ou d’imiter les modèles russes. L'assemblée nationale, le théâtre, la poste, les halles, la banque, les divers ministères offrent simplement un aspect élégant et confortable. La nouvelle Sofia est encore trop jeune pour avoir beaucoup de monuments commémoratifs. La nation bulgare a tenu à remercier dignement ceux qui avaient contribué à son émancipation. J'ai décrit naguère la pyramide élevée à la mémoire du tsar libérateur. Ce n’était qu'un hommage provisoire. Depuis, la reconnaissance nationale a érigé en l’honneur d'Alexandre II un monument définitif. En face même du palais du Sobranié se dresse la statue équestre du souverain russe flanquée autour de son soubassement de celles des généraux qui ont pris part à la guerre de l'Indépendance. Cet ensemble grandiose est l’œuvre d’un sculpteur italien dont j'ai malheureusement oublié de noter le nom. Je nelui connais guère d’analogue dans notre Occident.

Si Alexandre IT a affranchi la Bulgarie, le peuple bulgare n’a point oublié que son premier souverain le prince Alexandre de Battenberg a su maintenir son indépendance et protéger ses frontières contre l'invasion étrangère. Des circonstances, sur lesquelles'je ne veux point insister ici, obligèrent le prince à renoncer au trône et à terminer sa vie à l'étranger. La nation a tenu à ramener sa dépouille dans