Six lettres inédites de Gustaf Mauritz Armfelt à Francis d'Ivernois

B VII: Lettres de G. M. Armfelt 5

En janvier 1805, le baron Armfelt, alors ambassadeur à Vienne, était rappelé par le gouvernement suédois. Sa politique avait déplu à Stockholm, moins au roi Gustaf IV Adolphe qu’à certains personnages du gouvernement qui surent également empêcher qu’Armfelt soit nommé — comme il l’espérait lui-même gouverneur général de la Finlande. Tout ce qu’il reçut fut sa nomination comme chef de l'artillerie volante à Stralsund, alors le centre de résistance des Suédois contre les Français, envahisseurs de la Poméranie.

Stationné à Stralsund, Armfelt ne cesse pas de s'occuper des questions politiques; il est alors, à en croire son biographe Tegnér !, en relations épistolaires suivies avec différents personnages diplomatiques. La lettre suivante date de cette époque.

Stralsund, ce 12 Juillet 1806.

Monsieur,

La position difficile des affaires en Angleterre explique assez le retard de la réponse à Votre lettre à Londres, comme Vous m'avez marqué dans celle que Vous me fîtes l'honneur de m'écrire le 16 Juin dernier. Le silence qu’on garde vis-à-vis de Monsieur Pierrepont ? semble annoncer que la disposition qu’on pourrait prendre pour la paix éloigne l’idée de ces établissements et annulle presque l’espoir de la seule ressource qu’ait encore l'Angleterre pour se retrancher contre cet assemblage de nations que Bonaparte réunit contr’elle. Si cependant les suppositions, que les apparences autorisent à faire ne se vérifiaient point et que, la guerre étant continuée avec vigueur, on songeât à ce moyen essentiel de l’entretenir, je serais enchanté d’être la voie de concilier les choses avec un avantage réciproque pour les deux nations, et je me rendrais avec le plus grand plaisir en Angleterre; mais il est à propos de faire sentir que je ne voudrais pas être l’auteur direct de ma nomination, et qu’il faudrait qu’on eut l’air de me demander pour mener

1 Cf. ELor TEGNÉR, Gustaf Mauritz Armfelt, 2° éd., Stockholm, 1883-1894, 4. II, p. 51.

? Il s’agit propablement de Sir Henry Pierrepont, ambassadeur d’Angleterre en Suède.