Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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la position qui nous avait été confiée. Nous entendions un bruit formidable d'artillerie et des hourras ; c'était l’armée russe, qui, connaissant le passage de notre corps d'armée, s’avançait tou jours plus nombreuse, pour nous le disputer.

Dans la position où nous nous trouvions, sur la lisière d’une forêt, à une portée de canon du pont, notre vue ne s’étendait pas fort loin. Le premier et le quatrième régiments suisses devaient être sur notre droite, presqu’en face du pont. Il nous était difficile, du reste, d'apprécier l'ensemble des mouvements de l’armée. Dans des moment pareils, chacun sent l’importance d’être à son poste; et, comme il s’agissait d'empêcher les Russes de s'approcher, il fallait une défense héroïque, rien de plus, rien de moins!

Le 28, nous ne restämes pas un instant dans linaction. Des nuées de Russes dirigeaient un feu tellement nourri sur notre régiment, que nous avions perdu, après une heure de combat, passablement de terrain. J'étais devenu le bras droit du colonel, qui ne pouvait suffire à tout; aussi, quand je vis que notre régiment cédait lentement du terrain par la fusillade, je fis ce que j'avais fait à Polotsk, d’après l’ordre qui m'était donné ; je