Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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avec valeur. Le premier régiment suisse, qui se trouvait à peu de distance, montrait la même intrépidité. Mon excellent et digne ami le capitaine Rey, se voyant aussi pressé par les Russes, fit battre la charge pour l'attaque à la baïonnette ; tous ses tambours furent mis hors de combat ; alors, prenant la caisse de l’un d’eux, il battit seul la charge à coups redoublés. Noble exemple de courage que j'aime à retracer dans ces lignes!

Une fois blessé, accompagné de mon fidèle domestique Dupuis, perdant mon sang par ma dernière blessure, il me restait encore de mauvais moments à passer avant d’être à l'abri des projectiles de l'ennemi. En quittant le bois, je jetai un dernier regard sur mes vaillants camarades. Plusieurs d’entre eux étaient Vaudois comme moi. J'en avais vu tomber un si grand nombre sous les balles russes, que je me disais en moi-même : Les reverrai-je encore!

Jatteignis sans encombre la grande route; mais, arrivé là, je crus que ma dernière heure était venue. La route était labourée de boulets russes ; il en pleuvait de tous côtés, et je les voyais rouler dans toutes les directions. Mon brave domestique Dupuis me suivait toujours, tenant la bride de