Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

108 —

mon cheval et répétant sans cesse : « Mais aussi, capitaine, vous êtes toujours le même enragé. »

La cänonnade ne cessait pas. Dans le bois, d’énormes arbres tombaient avec fracas. Joignez à cela les cris des blessés, la terreur des valides, qui voyaient les boulets frapper leurs voisins, et qui étaient eux-mêmes mortellement atteints au moment où ils croyaient avoir échappé au danger du passage. Il faut avoir vu cet horrible spectacle pour s’en faire une idée!

Jarrivai ainsi à l’ambulance, où je fus pansé par notre chirurgien en chef David, qui, après m'avoir rassuré, me dit en riant : « Tiens, voilà qui est fait, tu pourras encore planter tes choux! » Sa prédiction s’est accomplie.

Cela fait, je remontai à cheval, accompagné de mon brave Dupuis. Muni de quelques vivres, je pus arriver le même soir au quartier impérial, qui se trouvait à Minski, éloigné de trois lieues et demie de l'endroit où j'avais été blessé. Je cherchai vainement à me loger dans les écuries de Pempereur, je n’y trouvai aucune place. Je désirais parler au capitaine de l’état-major de notre maréchal, mais je ne pus le découvrir.

A force de recherches, je trouvai une misérable