Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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grange, occupée par des soldats de toutes les nations et de tous les régiments possibles, entre autres par quelques Suisses, quise serrèrent pour me laisser approcher du feu.

Dans ce désastre, mes compatriotes et les soldats de la garde ont toujours été prévenants pour les officiers. Il n’en était pas de même des autres troupes.

Comme je n'avais pas mangé de toute la journée, et que j'avais un peu de farine et ma marmite de campagne, mon domestique se mit en mesure de me préparer une bouillie à sa façon ; j'avais faim, je la trouvai excellente; mais mes blessures me faisaient souffrir, et le froid était tellement intense que je ne savais comment m'en garantir. À la fin le sommeil me gagna, et je me réveillai seulement à la pointe du jour, pour me remettre en route.

Vers midi, je commençai de nouveau à avoir quelque appétit. Caché derrière un petit bois, mon soldat me prépara ma soupe frugale. À peine avais-je fini, que je cherchai à regagner la grande route ; mais elle était tellement encombrée qu'il me fut impossible d'avancer. Je fus obligé de bivouaquer avec les malheureux qui m’entouraient.