Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Ce ne fut que le lendemain, au jour, qu’il. me fut possible de me remettre en route. Cette nuit fut assez cruelle par les souffrances que j'éprouvais : la faim, mes blessures et le froid, tout s’en mélait pour rendre mon voyage lamentable. A peine avais-je fait une centaine de pas, que mon cheval manqua des quatre pieds et tomba sur ma jambe blessée, ce qui ne laissa pas que de m’occasionner une forte douleur. Après m'être remis à cheva} avec beaucoup de peine, je continuai ma route, pendant deux heures; mais il faisait si froid que, voyant un grand feu entouré de cuirassiers, je: m'en approchai, et ils voulurent bien me faire une petite place. Ces braves, qui étaient de la vieille garde, me donnèrent un peu de thé. Je me reposai près d’une heure auprès d'eux. Je me remis en route, et, à midi, j'entrai dans un village, où, pénétrant dans une grange, je fis demander s’il ne serait pas possible de me découvrir un traîneau, car je souffrais horriblement d’être à cheval avec la blessure profonde que j'avais à la jambe. Pendant ces recherches, j'étais à manger ma soupe, lorsque je vis entrer dans la grange notre infortuné colonel Vonderweid, de Seedorf, qui avait été blessé quelques instants après moi. I