Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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cour. » Je ne fus pas long à faire ma toilette, et nous nous remimes en route à trois heures de l'après-midi. Cest alors que j'appris que mes deux enragés avaient décidé que je ne devais pas rester à l'hôpital, et que, pour ne pas y rester, il fallait enlever, à main armée, un des chariots qui sortiraient de la porte de Bromberg ; c’est ce qu’ils firent sans autre forme de procès. Ils rendirent ainsi inutile mon entrée triomphale à l'hôpital. L'accompagnement de ces noirs personnages avait singulièrement exalté l'imagination de mes deux braves, et ils n’entendaient pas me voir passer in extremis pour la plus grande gloire des enterreurs. Ce que c’est pourtant que d’avoir de l’imagination! Pour éviter des poursuites, nous dûmes voyager une partie de la nuit. Nous nous dirigeàmes vers Vienizbourg, où nous arrivâmes le surlendemain. Nous ne pûmes pas loger dans la ville ; nous fûmes obligés d’aller à une demi-lieue plus loin, chez des payans polonais, qui parlaient un peu l'allemand. Le soir, on nous avait promis une voiture pour le lendemain; mais, pendant la nuit, une alerte ayant mis la ville en émoi, les autorités avaient pris la fuite; de manière que nous ne pouvions avoir aucune espèce de véhicule