Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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remercié de bon cœur mon ancien camarade. Je fus accueilli au milieu de mes Suisses avec une cordialité qui me fit augurer que mes misères allaient enfin avoir quelque adoucissement.

Depuis la Bérésina, je n’avais pas encore rencontré une si nombreuse réunion des débris du 9me régiment suisse, qui avait été presque entièrement détruit, après avoir arrêté, pendant un jour entier, un corps considérable de l’armée russe. Ceux qui survivaient et que je pus interroger, me dirent qu’assez avant dans la soirée du 28 novembre, ils avaient continué à combattre; et qu’après des combats acharnés, ils avaient reçu l’ordre de battre en retraite. Ils n'étaient plus alors qu'environ 150 hommes, dont un grand nombre étaient d’ailleurs blessés, mais pouvaient soutenir la marche.

Je demandai des nouvelles de M°**, adjudant ‘sous-officier, auquel j'avais remis le drapeau du régiment à Polotsk, car j’ignorais complétement ce qu’il était devenu. Aucun des hommes présents ne fut à même de m'en donner des renseignements, et, cependant, dans ma détresse, mes souvenirs se reportaient encore involontairement