Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

— 436 —

sur le jour où, devant les Russes, j'avais sauvé Vaigle du régiment.

Il se trouvait au milieu de mes camarades un nommé Ninet, d’'Aubonne comme moi, qui avait vu ce qui s'était passé à Polotsk et qui se mit à rire quand je vins à parler de M°”: il ne voulut pas m’en dire davantage. Etait-ce pressentiment ? Etait-ce conviction? Je ne pus savoir, à cette époque, si Padjudant avait fait son devoir. Je le sus plus tard, mais n’anticipons pas sur les événements. Après être resté quelques jours à Custrin, où mes camarades se colisérent pour m'avancer quelque argent, je me décidai à partir, avec les chariots de blessés, pour Berlin, où j’arrivai après deux jours assez fatigants, car le froid était toujours insupportable et variait de 20 à 28 degrés. Mon excellent compatriote Ninet, s'étant dévoué à ma mauvaise fortune, ne voulut plus me quitter. Je lui en ai gardé une éternelle reconnaissance. Il avait remplacé mes deux anciens voltigeurs. A Berlin, ma position était fort triste. Je songeai cependant à me faire soigner sérieusement, car si je n'avais pas été d’un sang excellent, la gangrène se serait déclarée depuis longtemps à mes