Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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comme moi. Il parut très satisfait de cette marque de confiance, et, depuis ce jour, ses soins furent d’une assiduité telle que j'ai cru leur devoir un commencement de convalescence. Toutes ces opérations m’avaient donné une fièvre assez violente; mais l’assiduité des soins et des pansements réguliers me permirent cependant de repartir avant l’arrivée des Russes.

Mon brave Ninet fit tous les préparatifs pour mon départ. Il fit choix d’une voiture en très bon état, qui me fut accordée, grâce à l'influence du chirurgien, Nous étions même accompagnés d’un médecin pour nous soigner pendant la route.

Je crois inutile de revenir sur les incidents qui se renouvelèrent si souvent dans ce long voyage. Il est certain qu’en voyageant d'étape en étape, je n’avais plus à redouter les misères dont j'avais tant souffert. Les soins de mon compatriote ne se ralentirent pas un seul instant, et j'arrivai à Mayence, après avoir traversé Brandebourg, Magdebourg, Brunswick, Gôttingen, Cassel, Giessen, Cronberg, Francfort.

A Mayence, j’allai voir un chirurgien, qui voulut de nouveau m’amputer. J’en fus quitte pour la peur, et, malgré sa mauvaise humeur, car il