Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Qu’ai-je donc ? Du courage !.. et que dirait l’histoire, De l’homme qui vingt ans sut se couvrir de gloire! Je laisse un souvenir qui seul me survivra :

Couché dans le tombeau, l'univers me plaindra! Quand, sur les bords du Nil, j'ai fait voir à l'Afrique Ce qu'a pu la valeur, soutenant ma tactique:

Quand de ces Mamelouks les escadrons serrés

Se rompaient à vingt fois sur nos vaillants carrés ; Alors aurais-je cru qu'un sort assez funeste

Me mît à la merci de ceux que je déteste !

J'ai vu mes vieux soldats, à la voix de leur chef, Reprendre leur courage et vaincre près d’Arsef….

Si l'Anglais m'a trahi, si l’horrible puissance

De leur barbare Lowe assouvil sa vengeance ,

Mon cœur doit supporter tous ces affreux tourments, C’est la postérité qui juge les méchants...

0 France! venge-moi. Je mourrai leur victime ;

J'ai conquis des lauriers qui pour eux sont un crime. La république un jour a demandé mon bras, Aussitôt je l’armai pour voler aux combats.

Mon talent m'a valu le salut de l’armée,

Je fus fait général. La France est alarmée :

En tous lieux linnocent monte sur l’échafaud ,

Au loin la liberté voit pàlir son drapeau.

Il était temps d'agir! Je frappai la licence, J'épargnai des fléaux à l’Europe, à la France;

Je fus éréé consul, et plus tard dictateur.

L'armée m’appela, je fus son empereur !

Tout retentit alors des hauts faits de ma gloire, Jeus plus de gloire alors qu'en mes jours de victoire ; Par mes soins, je fixai la justice et la loi,

Et le traître n'osa plus marchander sa foi! e-