Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
suis qu’un vieux soldat du premier Empire. J’ai cependant sauvé trois fois notre aigle, c’élait celle que Pempereur nous avait donnée, vous ne l’avez pas oublié, n'est-ce pas ?» Non! non! Soyez tranquille, colonel. « Enfin, ajoula-t-il, pénétré de reconnaissance, comme le dit le chant du pasteur , mes concitoyens ne m'ont pas oublié, eux ! Ils savent ce que j’ai fait.»
Puis il gardait le silence, s’informait de ceux qui pensaient encore à lui. Il voulut revoir M. le colonel Veillon, inspecteur général des milices, qui s’empressa de répondre à ce désir. La conversation fut animée, car il aimait à s’entretenir avec ceux qui lui avaient témoigné quelque intérêt.
Entouré des soins les plus assidus, malgré ses souffrances , il n’articula jamais une plainte. Saigné deux fois, la fièvre paraissait diminuer, mais le soir elle reprenail avec violence. « Aujourd’hui, ça ne va pas, nous dit-il, j’ai la respiration embarrassée. J'ai toujours soif! et ma blessure à la jambe me fait cruellenent souffrir. Si Dieu m'appelle à lui, je suis prêt. Je ne crains pas la mort, je lai bravée trop souvent. Tout le monde n’a pas fait la retraite de la Bérésina, il y a de cela 47 ans. » A cette réminiscence de jeunesse, il se prit à sourire.
La veille de sa mort, il ne nous fut plus possible de nous faire d’illusion sur son état : son regard s'était troublé; la voix était altérée; le pouls saccadé; il