Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
ME —
était pour moi un sujet continuel d’inquiétudes et de regrets. Elle était veuve d’un ancien officier, et j'espérais toujours que les traités rendraient sa situation moins précaire, mais il n’en était rien, et ses cinq fils, qui, sur de nombreux champs de bataille, avaient versé leur sang, pour la patrie d’abord et pour la France plus tard, ne pouvaient, pas plus que moi, avec une paie mensuelle de 62 francs, venir au secours de notre excellente et digne mère.
En relisant mes lettres des ‘années 1809 et 1810, je ne puis m'empêcher d’éprouver le sentiment des regrets qui m’accablaient alors, etque tant de mes anciens camarades auront éprouvé avec moi; c’est que la paie restreinte dont nous jouissions alors nous permettait à peine de suffire à nos plus pressants besoins, et que nos résolutions les plus filiales, mues par le sentiment de la plus sincère reconnaissance, venaient se briser devant des obstacles invincibles.
Cette situation ne m’a jamais empêché d’éprouver le plus sincère attachement pour le gouvernement de cette France auquel je m'étais voué, car voici ce que, de Marseille, j’écrivais à ma mère le 41 novembre 1809, et cela à propos de