Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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la divergence d'opinion qui existait entre plusieurs de mes parents et moi :

« Comme je n'ai que le grade et la paie que veut bien m’accorder l’empereur des Français, je ne dois avoir aucune relation avec ceux qui pourraient me compromettre par leur correspondance outrée. »

Cest ainsi que je m’exprimais il y a 49 ans. Dès lors mes sentiments d’affection n’ont point été modifiés; mes souffrances et les blessures que je reçus à la Bérésina n’ont rien changé à mon amour pour mon pays et à mon admiration de vieux soldat pour le grand capitaine, l’empereur Napoléon.

Notre régiment tint alternativement garnison à Marseille et à Toulon, pendant plus de deux ans. Je pratiquai la vie militaire, non pas en grand seigneur, mais en simple lieutenant adjudant-major, courant quelquefois les aventures pour tuer le temps. Je ne puis assez me féliciter des bontés dont je fus l’objet de la part de mon colonel, M. Castella.

Puisque j'ai parlé d'aventures, je ne saurais passer sous silence celle qui m’a valu la partieulière bienveillance de mon colonel. J'étais à cette