Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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époque éperdument amoureux d’une jeune personne dont je connaissais la famille; mon amour était partagé ; j'avais tout révélé à ma mère, qui me donna les conseils les plus sensés et les plus maternels; mais je n’écoutai rien. Lorsqu’enfin la famille de celle que j'aimais se douta des motifs de mes assiduités, je fus congédié très brusquement. Ma colère n’eut plus de bornes, lorsque j'appris, un beau matin, que ma beauté devait se marier, et que, n’ayant aucune dame blanche à mon service, il n’y avait plus pour moi que la résignation. Mes 62 francs par mois ne suffisaient pas pour mes châteaux en Espagne. Dans mon désespoir, je ne vis plus d'autre remède qu’un changement de garnison, et je demandai immédiatement à partir pour Toulon ; car Dieu sait, sans cette sage résolution, les idées qui m’auraient traversé la tête : l'enlèvement, le duel, tout m'aurait été bon pour arriver à mes fins. La garnison de Toulon suffit heureusement pour me calmer.

Je remarque dans ma correspondance de Toulon du 24 octobre 1810, que, ce jour-là, javais eu le plaisir de voir deux de mes frères ornés, comme moi, de l’épaulette. Il y avait sept ans que nous ne nous étions pas vus. Ce sont de ces souvenirs