Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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enfin à qui nous allons faire la guerre, car jusqu’à présent le secret est tellement bien gardé, que nous autres officiers n’en savons pas plus que si nous étions au fond de l'Afrique. Nous sommes assez bien dans nos cantonnements et ne sommes plus qu’à dix lieues de Dantzig. Aussitôt que l’empereur fut arrivé à Varsovie, nous apprîimes qu’il venait de déclarer la guerre à la Russie. Notre régiment fut très satisfait de savoir à quoi s’en tenir. Nous quittâmes nos cantonnements pour nous diriger du côté de Kowno, où nous traversàmes le Niémen sur trois ponts de bateaux, l’un destiné à l'artillerie et les deux autres à l’infanterie et à la cavalerie. À une heure de distance du lieu où nous venions d'effectuer le passage, nos avant-gardes rencontraient déjà l’arrière-garde russe, aussi le passage de notre principal corps d'armée s’effectua-t-il aux cris de vive l’empereur! Au boutde quelques heures, nous vimes déjà arriver un certain nombre de prisonniers russes. La campagne de Russie était commencée. Elle s’ouvrait sous les pronostics les plus heureux. Nous eûmes sur toute la route de fréquentes escarmouches, mais de fort peu d’importance, car les Russes ne songeaient point à se 6